Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/112

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— Je te veux ici chez toi ! dit-elle tranquillement.

C’était la première fois qu’elle le tutoyait. Il eut un nouveau frisson. Un douloureux vertige l’enveloppait, et il avait envie de rire.

Rien n’est fictif comme un décor, mais si ce décor ne possédait pas d’envers, il ne serait pas prudent de s’y promener en simple curieux, et, à errer dans ce faux temple des tropiques, Léon s’enivrait de sa chaleur étrange, tout artificielle, y perdait sa personnalité, devenait un héros de légende.

Il aspira fortement l’air saturé d’un parfum tour à tour fruit et fleur comme cette femme tour à tour vieille et jeune.

— Tu es folle, Éliante ! Ou tu es terriblement vicieuse, murmura-t-il. Pourtant… oui… je suis heureux de la comédie que tu me joues. Je ne redoute plus que le réveil. J’essaierai donc de me compliquer. Qu’exiges-tu de moi en ce moment, dis ?

Câlin, il se baissa, s’empara de la traîne blanche de sa robe, et se roula dessus, un peu honteux de se trouver à la merci des flèches. Elle essaya de lui retirer le bas de sa jupe, souriant toujours.

— Je veux que vous m’écoutiez… Quand les enfants ne sont pas sages, on leur raconte des histoires.