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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/114

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mon lit, et chaque fois qu’on descendait à terre on revenait chargé d’un butin fantastique : des idoles, des peaux de bêtes, des meubles rares, des verroteries ou des pierres très précieuses, des armes empoisonnées, des fruits fabuleux, des fleurs sauvages. On entassait cela chez moi sans ordre, sans soin d’aucune sorte. Ce n’était pas toujours propre, ce que l’on me rapportait, cela sentait l’huile rance, beaucoup plus l’huile rance que le vétiver. Lue affreuse odeur d’huile de coco dont tout est imprégné dans les pays des tropiques et tout ce que l’on touche vous enduit d’une graisse particulière. (Elle flaira ses mains.) J’ai beau vivre à Paris, quand je me souviens, mon cœur se soulève ! et puis c’étaient des cargaisons d’épices, des outres de vins, des jarres de liqueurs spéciales que l’on faisait voyager avec nous pour leur donner ce que les marins appellent le goût de la mer. Jamais mon mari ne trouvait ma chambre assez remplie, assez riche. Il dépensait des sommet folles pour collectionner des choses qui s’abîmaient, se gâtaient, et qu’il fallait jeter à l’eau avant de rentrer en France. Il aimait surtout les idoles… tous les bouddhas que vous voyez ici ne sont pas les plus… originaux ? (Elle hésita.) Et il y a mes fameuses robes, une collection unique de costumes orien-