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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/121

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vous montrerai à présent la collection des ivoires et celle des cires, peut-être mes robes, mais nous n’aurons pas le temps, je les garderai pour une autre fois.

— Ah ! Vous pensez que nous n’aurons pas le temps ? Nous en perdons déjà beaucoup, fit-il, en s’asseyant sur le pouf de cygne.

Il but sa très petite gorgée, gronda :

— C’est furieusement amer, votre philtre.

Et il eut envie de lui envoyer sa tasse à la figure.

Éliante rangeait des objets blancs sur le tapis rouge, des statuettes qu’elle descendait de leurs étagères ou qu’elle sortait de l’intérieur du meuble. Léon étudiait anxieusement ses gestes, ne pouvant se résigner à sa situation de simple spectateur.

Comme elle était gracieuse et souple, cette femme artificielle, en robe montante, tellement habillée qu’on la voyait nue sous le velours blanc tendu sans un pli, sans une apparente coulure ! Comme son corps avait bien l’aspect d’une statue d’ivoire, d’un ivoire un peu velouté couvert de duvet ou de neige ! Et son casque noir, serré à couper ses oreilles délicates, ses traits sévères, s’éclairaient des lueurs de ses yeux. Elle célébrait une espèce de cérémonie religieuse, là, au milieu de ce temple, où elle