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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/133

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duisibles expressions de joie diabolique. Ce petit monde en ivoire peint et en jade translucide vivait, palpitait, clamait l’abandon complet de toute pudeur. Ils n’étaient point trop odieux, ceux-là, car ils avaient l’air d’appartenir tous à la même plante humaine, quelque branche monstrueuse fleurissant des bouches, des sexes, aussi des yeux de pierreries.

— Quel est le roi anthropophage qui pourrait ceindre cette ignoble couronne-là ? s’écria Léon.

— Mais le seul Amour ! Mon mari ! Vous ! Tous ceux qui aiment… lui répondit Éliante tranquillement.

Et comme elle allait replacer le plateau de métal dans le bahut chinois, quelqu’un vint frapper à la porte du temple.

— C’est ma nièce, chuchota-t-elle. Missie vient de rentrer. Léon, je vous supplie de ne pas bouger, de ne rien dire. Elle s’en ira, croyant que je suis sortie.

Le jeune homme se tut avec un geste de découragement.

Il ne manquait plus que cette intrusion de la vie familiale dans une pareille atmosphère !

Il regarda au plafond, se détachant du reste de l’aventure.

Au plafond tout était sombre. Une nuit