Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/135

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VI

« Je suis comme un petit enfant nu dans un grand vent. J’ai la fièvre, je grelotte, j’ai trop chaud ou j’ai trop froid. Mes lèvres conservent le singulier goût de fruit de votre bouche, et la saveur amère de votre salive se perpétue sur ma langue, me faisant trouver fade tout ce que je mange, m’écœurant puisque rien n’est aussi bon que votre amour.

Je sais, je sens que vous m’aimez. Je veux bien mériter la joie et ne plus chercher à la dérober… Je m’appliquerai à vous suivre :

« Madame à sa tour monte…
Madame à sa tour monte… »

Si haut que je pourrai monter, seulement… voilà, je suis malade. J’ai la fièvre… jaune. Je suis jaloux, j’ai des cauchemars, j’ai des visions ridicules.