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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/141

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il a tué le goût du bonheur en loi, pour le remplacer par l’appétit du renoncement. À moins que…

… Mais, j’y pense… La vérité sort quelquefois des bouches de cire… Tu es peut-être cette poupée-là chaste et passionnée, à moitié morte et ultra-vivante, et c’est loi qui, d’un coup de dent féroce, as mangé le nez de ton mari pour lui imposer, ensuite, la cynique obsession de ta personne, soit en effigie pendant les longues traversées, soit en chair et en os durant les escales. Jolie existence qu’il a dû mener, ce Monsieur ! je le plains, je le plains…

Je l’aime ! C’est loi qui as raison. Tu as raison lentement, petit à petit comme un oiseau fait son nid…

Et tu fais ton nid dans ma raison, je le sens qui arraches ici un brin de laine, là un brin de soie, plus loin un de mes cheveux… Tu arracheras tout ! Je serai bientôt un petit enfant nu dans le grand vent d’hiver… et aucune femme, laide ou belle, ne voudra plus me réchauffer dans les plis de sa jupe !

Tu as raison parce que ce que nous demandons aux maîtresses de nos vingt-deux ans, c’est un peu plus que l’apaisement sexuel. Si tu t’étais donnée le premier soir, j’aurais eu le lendemain la tristesse de songer que… c’était