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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/142

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pareil, tout en ayant la normale envie de recommencer… pour en finir plus vite. À présent, tout s’est bien passé avec d’autres… la seule que je veux, c’est toi, non pas pour une nuit, mais pour la seule nuit de l’amour unique, celle qui recouvre toute la terre d’un seul battement de son aile noire. J’ignore si je t’aime vraiment, mais j’aimerais à mourir dans tes bras pour être bien sûr d’y rester… (Par exemple, pas de cercueil à trois, hein ? Que ce mari néfaste ne me prenne plus la moitié de ma place. Traduction libre ! Offre-moi une concession perpétuelle… mais dans un cimetière où je lui défends de fourrer son nez.) As-tu pensé à ceci : le squelette de ton mari est semblable à tous les squelettes, et la blessure de son visage s’efface sous une même patine d’horreur ? Creuse-moi cette idée ! Il a un squelette comme n’importe qui ! Je ne veux pas t’offenser de mes plaisanteries de carabin, ma belle chérie. J’ai du chagrin à avaler que j’essaye de me doser… sans sucre ! Toi, tu as un lit qui ressemble aux œufs de Pâques, c’est plein de surprises, tu peux changer de coussins brodés, tu peux varier la dentelle de tes draps, et tu dors là-dedans comme ces enfants gâtés qui retrouveront, au matin, les bonbons de la veille, avec cette différence qu’ils ont augmenté. Moi, je