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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/158

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lumière jaillit, couleur de soufre, un éclair d’orage, et, la jongleuse apparut aussitôt, saluée par un tonnerre d’applaudissements des plus obligatoires, puisque c’était bien, cette fois, la maîtresse de la maison qui venait amuser, en personne, tous ses enfants !…

Éliante Donalger portait le maillot collant de l’acrobate, un maillot de soie noire très montant, se terminant au cou en corolle de fleur sombre. Elle n’avait que les bras nus et encore gantés de gants longs de peau souple faisant corps avec la sienne. Une ceinture de velours noir brodée d’étoiles de brillants lui sanglait les cuisses, et elle se coiffait d’une petite perruque blanche, poudrée, une perruque de clown, se terminant en houppe sous un papillon de diamants. Pour sa pudeur, elle avait mis un masque de velours, et on n’apercevait réellement de sa chair que sa bouche, très rouge, sa bouche entre parenthèses… sur une page blanche et noire !

Elle sourit, cette bouche. Cela lui creusa des fossettes. Missie trépignait, jetait les primevères de son bouquet, et les hommes, debout, derrière sa chaise, se sentaient saisis du petit frisson qui prend tous les mâles devant la forme non déguisée malgré le déguisement.

— Très chic ! murmura quelqu’un.