Aller au contenu

Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il lui montra sa main rougie.

Alors elle s’empressa, versa de l’eau, agita des fioles et des houppes à poudre.

— Là, ce n’est rien ! Je t’aime ! Je ne suis pas méchante… Ce sont mes nerfs. Embrasse-moi ! Pardonne-moi ! (Elle se colla tout entière contre lui, les mains crispées à ses épaules, souple comme un serpent.) Je suis heureuse de te garder un instant ici et de te dire que la fête est pour toi. Est-ce que je l’ai amusé, au moins ?

— Naturellement ! Un bal blanc, ça me convient tout plein. Je suis si chaste. Ah ! ne m’embrasse pas, tu sais, ou j’appelle ! Missie, ton beau-frère, tes tas de gens ! Je suis absolument scandalisé. Tu n’as pas honte de t’offrir à tout le monde le même jour. Tu vas bien, toi ? Dis donc ? qui l’a appris à jongler, encore ton mari, sans doute !

— Non… (elle remontait la collerette de son maillot), c’est à Java, pendant une fièvre que j’avais attrapée, dans ce pays. Je m’ennuyais, Henri fit venir des jongleuses, et j’ai appris, n’ayant rien de mieux à faire. Je me suis souvent blessée, puis j’ai fini par savoir sérieusement. Il s’agit de s’entretenir la main de temps à autre. Tu vas t’en aller, dis ? Je suis obligée de m’habiller, on m’attend là-haut.