Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/168

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— M’en aller… si je veux !

— Voyons ! Ne me fais pas des peurs… puisque je l’aime. Ta lettre est une bonne lettre… tu m’aimes aussi, loi. Je crois que nous finirons par nous entendre… seulement… je désire t’avoir pour amoureux… le temps que cela me plaira… Est-ce que des amants devraient s’aimer comme… des époux ? Non ! ce serait ridicule ! il faut une différence ! Et Missie qui nous guette ! Je ne suis pas libre et… je ne veux plus faire de la peine à personne… Mon beau-frère, le pauvre, il en mourrait de chagrin.

Tout en disant ces choses étranges dans sa bouche de jongleuse, elle se pâmait, prise par l’odeur du jeune mâle qui lui baisait la nuque, et la beauté de leur altitude se reflétant dans la glace claire.

Ils étaient très beaux, très corrects, elle toute nue sous la soie collante du maillot, sans corset, sans un ruban liant ses membres, lui plastronné d’un satin nuptial.

— Qu’est-ce que tu aimes en moi, aujourd’hui ? questionna-t-il, ayant envie de pleurer de rage, car, décidément, elle était folle.

— Je ne sais pas… Je crois que c’est ce satin blanc ; mes ongles à le loucher frémissent comme à toucher le fil de mes couteaux. Et