Aller au contenu

Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et, au résumé, déclarant se contenter du peu qui aurait fait la fortune de toutes nos grand’mères.

Léon marchait les pieds très rapprochés, en un glissement à la fois doux et inquiet. La volupté le menait, et l’éducation le retenait.

Missie se dandinait, se pavanait comme une cane.

Elle était libre.

Quand on est mal élevée de mère en fille, on a généralement cet air-là… et c’est la liberté qui manque le moins.

Ils passèrent, en apparence très unis, devant Éliante.

— Vous devriez danser la dernière valse, mes enfants, dit Mme Donalger, qui s’éventait tout en surveillant le rapide enlèvement des petites tables.

La harpe soupirait de mourants accords. Quelques couples tournoyaient malgré de nombreux départs.

Léon se roidit :

— Pardon ! répondit-il brusquement, je me suis blessé, une maladresse, avec un couteau, tout à l’heure, — je ne saurais vraiment soutenir la plus légère danseuse.

Il la bravait d’un beau regard fier.

Mais Missie intervint, fâcheusement empressée :