Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/192

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Et déjà tu essaies de me prouver que l’on t’agrée ailleurs si je ne t’agrée pas.

Et déjà… tu fais pire, tu réveilles mon ennemie née, la femme vulgaire… l’honnête femme, celle qui fera ton propre malheur et tes enfants. Prends garde, Léon… tout bien réfléchi, je peux m’en aller dans le songe des lies lointaines sans toi… Je voulais t’emporter… avec mon secret.

Tu n’as pas compris ?

Tu es si pressé que cela.

Je suis donc si vieille ?

Alors, ayons ce courage de nous séparer immédiatement… ou d’épouser chacun notre idéal.

Toi, une jeune fille qui l’aime. (Elle t’aimera, j’en suis sûre.)

Moi… le pays où l’on a chaud…

Vois-tu, chéri, aide-moi à me libérer de mes derniers liens sociaux. J’ai la charge d’une âme vierge. Prends-la, elle sera ce que tu la feras. Et l’enveloppe de cette âme deviendra selon ton goût… si tu peux l’aimer… en souvenir de moi.

Ton Éliante… qui attend.

P.-S. — Ne fais pas le Monsieur correct, dis ? »

E. D.