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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/193

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« Chère Madame,

Il est certain que vous avez l’art des lettres d’amour comme vous avez l’art de jongler avec des chinoiseries ou des couteaux.

Je suis vraiment touché de la peine que vous semblez prendre au sujet de mon avenir, mais je préfère m’en occuper plus tard, tout seul. La jeune fille dont nous parlons est charmante (si bien élevée !), malheureusement je ne cherche pas une femme… pour l’épouser.

Votre dévoué serviteur.
Léon Reille.

P.-S. — Maintenant, tu peux continuer à jongler de loin. Ça m’amuse beaucoup. Si tu pensais réellement la moitié de ce que tu dis, ce serait toi que j’épouserais. Mais combien de lettres as-tu écrites de ce style… soutenu et à combien d’hommes à la fois ? Tu es Madame la fournaise, et je n’ai aucune confiance dans ta vertu… brûlante. Il y a trop de nuits sur ta robe. Tu ne la poses peut-être jamais, cette robe noire, seulement, si tu couches avec, c’est pour faire mieux ressortir la blancheur de ta peau, et ça n’en n’est pas plus propre, ma chérie. »

L. R.