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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/225

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lerons, et tu es si bonne, tu m’aurais dotée tout de même ! Ah ! ne me répète pas, toi, qu’il ne reviendra plus ? L’autre, je m’en moquais. Mais celui-là, il emporte mon cœur.

— Il emporte son cœur… Et mon amour ? qu’en font-ils tous les deux ? Ah ! Il lui a serré le bras très fort ! Elle ne ment plus, maintenant ! rêvait Éliante, ses beaux yeux fixés au plafond de sa chambre d’où lui tombait un voile de ténèbres.

Elle souriait.

— Petite, dit-elle la voix sourde, je le pardonne au nom de la passion. Tu souffres. Ne parlons plus de rien. Tout n’est pas perdu encore. S’il revient cette semaine, nous lâcherons de réparer nos fautes. S’il n’est pas revenu demain, le dieu d’amour sera juge entre nous ! Moi, j’irai le chercher.

L’Éros noir semblait darder sur elle ses prunelles d’émeraude ; le petit gamin nu, toujours debout au milieu de sa chambre et lui tendant ses poings coupés, semblait lui lancer deux jets de flammes.

Éliante prit la jeune fille par la taille et l’embrassa.

— Oh ! ma tante, balbutia Marie, presque jolie dans un grand geste d’espoir, si vous le vouliez bien, il reviendrait… il reviendrait,