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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/233

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Éliante se releva, plus grave.

— Viens ici, dit-elle, en lui prenant les poignets, et elle l’entraîna vers un meuble, une grande armoire de bois rouge, à l’autre bout du salon, toi, tu veux voir mon extrait de naissance ?

— Oui, fit brutalement Léon Reille, je veux savoir qui tu es, madame la jongleuse ? Or, les maris ou les amants, ça ne compte pas pour un notaire… c’est le nom de jeune fille qui est toujours le vrai.

Éliante secouait la tête. Une tubéreuse tomba.

— Oh ! soupira-t-elle, vous êtes lâches, les hommes… vous n’avez pas la foi… la grande foi qui sauve et qui transporte les montagnes ! Tu ne le soucies point de connaître mon vrai nom… c’est mon âge que tu veux constater légalement.

Léon eut froid au cœur.

Elle avait deviné. Il voulait légalement des détails sur cette femme mystérieuse qui semblait lui arriver de plus loin que… la terre ferme.

— Tant pis pour loi, Madame la jongleuse ! Tu n’avais qu’à ne pas jongler à outrance, je veux tuer la femme d’hier pour qu’elle ne revienne jamais.

— Elle reviendra dans cinq ans, Léon !