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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/240

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guère les phrases. N’hésitez pas à profiter de votre belle jeunesse ; je suis, moi, pour le croisement des races nouvelles… le bonheur… ça n’attend jamais.

Éliante souriait, parfaitement calme.

Missie éclata en sanglots, une grande joie débordant toujours en larmes. Léon, désespéré, ahuri, la regardait pleurer. Il aurait mieux aimé le duel.

— Oh ! ma tante, ma bonne petite tante… ? Tu veux bien que je l’épouse ?

— On n’est pas meilleure comédienne ! gronda Léon entre ses dents rageuses.

Éliante ôte la dernière branche de tubéreuses qui restait dans ses cheveux.

— Voici, ma petite fille, les fleurs de l’illusion. tâche de les garder un peu plus longtemps que moi et n’oublie pas que l’amour passe avant l’orgueil chez les vraies femmes. (Elle se tourna vers Léon.) N’est-ce pas que je suis jolie en mère noble… ? Au revoir. Monsieur.

Et elle se sauva en courant, car elle étouffait.

Les jeunes gens se contemplaient, tristement embarrassés.

— Mademoiselle, commença Léon d’un ton rauque, je viens d’offenser votre tante, et elle a raison de me punir ; cependant, il ne faut pas que la punition vous atteigne, vous êtes en