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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/245

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l’envoyé d’Éros, l’envoyé du Dieu ! Vous leviez la tête vers ma fenêtre et vous aviez fait le signe.

Je suis descendue comme une folle… mais point assez vite. Paresseuse et toujours lovée comme un serpent en la tiédeur des temples, je me suis amusée à faire cliqueter les perles de ma robe et à secouer mon écharpe pour que le bruit des joyaux, la senteur enivrante des parfums, vous apprennent qui j’étais avant de vous montrer la blancheur de mes bras.

Bien folle est la femme qui s’amuse à sa beauté avant de coucher son corps aux genoux de son maître !

Dehors, c’était la nuit. Je ne vous ai plus trouvé. Vous aviez dépassé le seuil de ma maison, cependant ; mais, n’y voyant pas clair, son ombre vous avait semblé redoutable, pleine d’embûches, et vous étiez parti.

J’ai couru… je suis allée éperdument jusqu’au milieu de la route, et j’ai rencontré un autre homme, presque votre frère, qui m’a dit : « Vous cherchez vraiment quelqu’un ? » « Je cherche l’amour de ma vie ou la vie de mon amour, ai-je répondu, je sais qu’il faut beaucoup attendre pour être heureuse. Je n’oserais point me donner au premier rencontré craignant que ce ne soit pas lui. Si je me trompe