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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/247

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Je ne t’en veux plus pour tes dures paroles. N’en ai-je pas dites de pires ? Elles sortaient du fond de nous, et c’est la voix de nos pères qui les ont prononcées, malgré nos lèvres amoureuses ! Tu as voulu très sincèrement m’épouser, régulariser l’amour… Tu as parlé trois minutes comme un notaire vérifiant des dates et constatant l’authenticité des titres, et moi, qui n’ai jamais beaucoup connu ma famille, j’ai eu le geste du léger marquis de Massoubre, au nom si lourd, toujours prêt, paraît-il, à chercher noise aux gens.

Et de cela notre bel amour est mort. (Je veux dire : l’Éros antique.)

Je te prie de venir me voir… et je ne puis guère te recevoir chez moi à présent ! Elle est là qui guette, qui s’inquiète et qui étudie des gros traités de médecine pour se consoler, en fumant des cigarettes, les tiennes, que tu as oubliées dans le salon.

Elle a bien de la chance de pouvoir encore apprendre… moi, je ne savais bien qu’une chose… et je m’aperçois que je ne la sais plus ! Je suis la femme ordinaire qui ne croit plus en son Dieu.

Écoute ! Encore un caprice !… Je vais à l’Odéon lundi. Je serai dans la loge où nous sommes allés tous les trois, un soir. Rappelle-toi bien.