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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/254

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— Léon, prends garde à mes oiseaux, ils vont le piquer !

— Tes oiseaux ? Ah ! ces jolies petites bêtes, dans les cheveux ! Je ne les voyais pas. Délivrons-les. Ils me font de la peine. Ils ont l’air de vivre. Voilà, je les mets sur cette chaise. Pourvu qu’ils n’aillent pas chanter, mon Dieu, ou siffler ! Quelle complication ? (Il essayait de rire pour étourdir son chagrin.) Et puis, ôtons cette rose rouge, qui a des épines, cet éventail qui me gêne, ôte donc, une fois pour toutes, les chinoiseries de ton costume ! Sois mon Éliante… toute nue, sous une robe de deuil, la seule Éliante, celle qui m’aime et m’a pardonné ? Tu m’aimes, regarde-moi en face…

— Pourquoi veux-tu que je croise toujours mes yeux avec les tiens, Léon ?

— Parce que tu es une autre jolie bête ailée, capricieuse, un grand oiseau rare qu’il faudrait fasciner afin de lui faire oublier tous les mortels venins de l’amour. Éliante, je gagne à ton contact une singulière maladie, la névrose du renoncement… Pour un peu, j’écouterais la pièce si tu me le commandais ? (Et brusquement, il lui renversa le front, la regardant avec une intense fixité, ses prunelles chargées d’un fluide puissant, essayant de la magnétiser, d’endormir sa volonté de dame d’orgueil.) Je ferai ce que