Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tu voudras d’abord… Je l’ai dit, en arrivant ici : à tes ordres, je ne me rétracte pas. Je veux te voir vivre… de ta vie mystérieuse qui est de mourir d’amour et de renaître ensuite de tes cendres, mon beau phœnix. Oui, oui, je sais, va, pourquoi tu m’as attiré ici, malgré ton orgueil. Et je consens à demeurer le simple spectateur de tes ivresses, mais, j’en veux pour mon argent, moi, j’en veux pour tout le sang de mon cœur, que tu me fais répandre goutte à goutte depuis que je l’ai rencontrée sur mon chemin. J’ai eu tort de chercher à me soustraire aux magies de ta personne. Je t’ai offert successivement ma chair, mon âme et mon honneur… J’ai voulu reprendre mon honneur ! À quoi bon ! Il le faut tout… Garde tout ! Je n’ai plus qu’une idée bien nette dans le désordre de mon existence présente : le voir heureuse. Je suis enchanté, à mon tour, ensorcelé, sans même la spéciale volonté de l’amour qui est de partager des joies. Je m’engage, ce soir, à respecter ton égoïsme sans me plaindre, sans me révolter, sans pleurer… Éliante ? Le sais-tu que je pleure toutes les nuits en t’appelant ? Je t’adore ! Entends-moi, je t’adore !

— Tu as bien deviné, répondit-elle, fermant les yeux sous ses baisers, c’est bien pour cela que je l’ai demandé de venir… Je me venge… Parce que je t’aimerai tout autrement avant qu’il