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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/26

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Elle souriait.

Il haussa les épaules.

— Sans doute ; un très pauvre… petit garçon. Je m’ennuie aussi. Nous ne partageons que ce luxe, Madame.

— Oh ! c’est bien assez pour être très riches tous les deux… d’esprit.

Le coupé s’arrêta.

Il fallut replonger dans la nuit morne avec la pluie sur le dos.

Le cocher ouvrit la portière, une grille, devant la voiture, des branches mouillées firent choir toute une averse. Le jeune homme, toujours nu-tête, n’osait pas risquer la détente du fameux ressort de son claque, un tapage ridicule, et la dame chuchota justement ;

— Ne faites pas de bruit, cher Monsieur, j’ai un enfant qui dort, à la maison. C’est pour cela que la voiture a tourné par le jardin. Vous me suivez ?

— Oui, Madame, cependant… c’eût été plus raisonnable d’aller souper ailleurs… qu’en pensez-vous ? pour ne pas réveiller votre… enfant.

— Ce n’est pas ma fille, c’est ma nièce. Et puis j’ai aussi un vieux beau-frère. Il est sourd, heureusement ! (Elle se mit à rire, tout bas.) Non, je préfère souper chez moi.