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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/270

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leuse. Je ne m’en irai qu’après t’avoir mis dans l’impossibilité de me suivre… Ne cherche pas à comprendre ni à m’accompagner plus loin. Je jure de le demeurer fidèle et de vivre avec toi, tout entière en toi, jusqu’à ta mort. (Elle sourit.) Oui, c’est moi qui suis la magicienne, je rentre en mon palais de rêve… et demain je t’attendrai pour t’amuser un dernier jour… avant le sacrifice… « Encore un petit moment, Monsieur le bourreau ? »

— Éliante, supplia Léon Reille, je veux vous accompagner plus loin, personne ne nous guette ni ne s’occupe de nous. La nuit est si belle… ramenez-moi chez vous… dites ? Ou c’est moi qui vais me tuer… Entendez-vous… je veux… Éliante ?

— Venez demain. Dans la journée. J’ai besoin d’une nuit de solitude. Je vous enverrai un télégramme pour vous dire l’heure. Oh ! mon Dieu, croyez-vous que je puisse attendre plus longtemps, moi aussi ? Adieu ! Je vous aime.

Léon demeura immobile à l’entrée du pont, la suivant des yeux. Elle courait comme une folle, et son manteau flottait sur les balustres couleur de perles imitant les rayons de ce feu mystérieux dont elle avait conté l’histoire.

… Il revint chez lui, ne pleurant plus.