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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/274

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capable d’essayer tout de même ? Elle aura expédié Missie aux crèches populaires et le diplomate sourd chez son ami le dégustateur. Nous aurons tout le loisir de discuter le genre de mort, l’après-midi. Vers le soir, la collation, le vin des îles, nous attendriront. Moi, je réclame l’asphyxie par les roses. J’en ai envoyé suffisamment pour garnir toute sa chambre et joncher les tapis. Maintenant, il y a le poison et le coup de revolver. Très sale dans ses résultats, le poison ; le revolver… c’est bien vieux jeu, en outre, ça fait beaucoup de bruit, surtout quand on se rate, et ça vous ameute les domestiques. Reste à lui persuader qu’en la tenant au lit, l’espace d’une semaine, je me charge de lui faire oublier le goût du piment chinois dont M. Donalger assaisonnait ses caresses conjugales. Je crois que, tout bien réfléchi, mon plus dangereux ennemi, c’est cet officier de marine qui commande encore le vaisseau-fantôme de ses rêves. Il y a des gens qu’il est nécessaire d’enterrer sous des montagnes ! C’est drôle, je me sens dispos, très heureux, je n’ai plus peur d’elle, mais, le mort m’obsède. Il convient de secouer cela vivement. Après tout, hier, je la voyais en magicienne capable de m’envoûter ; aujourd’hui, j’ai le glorieux réveil du spectateur revenu du théâtre qui retrouve la grande actrice