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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/275

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à ses côtés, bien en chair, pas trop en os, et offrant ses bras, moins le plâtre. Le mari ? Le souffleur, quoi ! Je n’ai nul besoin de m’en embarrasser pour mes répliques personnelles. D’abord, on ne parlera plus. Les choses éternelles sont dites !… Sacrebleu !… Missie !

Debout, sur le perron, Marie Chamerot le saluait, un peu rougissante, charmante d’ailleurs, car elle embellissait depuis qu’elle était sincèrement éprise de l’étudiant. Elle aussi cherchait à étouffer dans son cœur le battement furieux des ailes d’Éros ! Ses yeux brillaient, ajoutaient des sous-entendus aux moindres phrases ; elle se coiffait en guerrière d’amour comme sa tante, elle portait fièrement le casque lisse de ses cheveux, dégageant son front, montrant sa nuque, et elle avait revêtu, ce jour-là, un coquet costume d’avril blanc et rose, des petits bouquets Pompadour se noyant dans un fond crème. Toujours les œufs à la neige ! et déjà la pointe de galanterie du bouton carminé qui crève son enveloppe.

— Bonjour, Mademoiselle ! Vous ne cyclez donc pas aujourd’hui ? Mme Donalger va bien ? Est-ce que je me présente trop tôt ? Vous alliez sortir ? Je suis si mal élevé, moi.

— Non, Monsieur, nous ne devions pas sortir. Ma tante est un peu souffrante.