Aller au contenu

Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Voulez-vous que j’aille la chercher ? Elle s’habille. Vous êtes incorrigible, Monsieur. C’est vous qu’on ne guérira pas facilement. Je ne soigne pas ma tante. Elle a peur de tous les médecins, y compris les étudiants en médecine, vous savez !

— Bah ! Je suis donc bien terrible, Mademoiselle mon cher collègue ?

Il jeta son chapeau et sa canne sur un canapé d’un geste d’homme qui est chez lui. Mlle Chamerot souriait, mais il s’aperçut que ses yeux étaient tout humides d’une grave émotion. Il y avait de la cruauté à se moquer d’elle un jour pareil. Du moment que Mme Donalger allait venir, il serait bon, tendre, fraternel. Il ferait son métier de séducteur, discrètement, en attendant mieux.

— Je vous en prie, Missie, dit-il très câlin, se plantant devant elle les mains offertes, si elle ne peut pas me souffrir, tâchez de me le faire oublier l’espace d’une après-midi. Soyez charitable ?

— C’est pourtant vrai, soupira Marie, lui serrant les mains malgré son violent désir de lui tourner le dos, il faut que je vous aime pour ceux qui ne vous aiment pas. Ce qu’elle s’en fiche, des amoureux, elle ?

Léon hochait la tête, souriant.

— Elle a tort… un cœur tout chaud, c’est un