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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/28

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pas les domestiques lorsque je mange. Et vous ?

C’était d’une ironie un peu rosse. Il lui laissa organiser un second couvert sans lui répondre.

Elle s’assit, rejetant son grand manteau oriental sur le dossier de sa chaise, une cathèdre de bois rougeâtre, sculpté naïvement, un siège très vieux, énorme solide.

— Voilà, nous sommes bien, nous allons manger beaucoup, nous boirons peu, et vous vous en irez sagement par le chemin que vous savez. La grille est restée entr’ouverte. Mais ôtez donc votre pardessus, Monsieur, Monsieur… comment, déjà ? J’ai oublié… (Et sa bouche se pinça, moqueuse, entre l’équivoque de ses deux parenthèses.) Représentez-vous.

— Léon Reille, Madame.

— Parfaitement : Léon Reille, mon meilleur ami. Je me rappelle la phrase du commissaire, au buffet, le grand qui avait l’air si bête. Est-ce que vraiment vous êtes son meilleur ami ?

— Moi, c’est la seconde fois que je le rencontre.

— Ah ! Tant mieux !

Et ils éclatèrent de rire.

Elle découpait les perdreaux, ses mains libé-