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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/286

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demander d’en faire autant… J’aimerais mieux m’aller pendre !

— On ne vous demande pas d’apprendre ça, c’est trop difficile, déclara généreusement Missie essoufflée et s’éventant avec son mouchoir, Mlle Fréhel maintenant va nous danser une pavane. Elle est fort habile, vous savez, et c’est moi qui l’accompagnerai. C’est seulement pour vous former la vue. Comprenez-vous, mon petit !

— Moi, je suis le plus heureux des quatre, si on ne me fait rien faire. Je comprendrai, à la condition de rester assis.

— Votre tour viendra, Monsieur, dit en passant Mlle Fréhel, avec un bon sourire d’encouragement, car il lui plaisait, ce joli garçon sauvage, qui se blottissait dans leurs jupes avec la joie sournoise d’un grand chat voluptueux.

Et Missie joua la pavane. Et Éliante alla chercher un éventail pour la danseuse. Chose étrange, cette vierge à la harpe en costume de bure prit tout de suite les altitudes d’une grande dame du grand siècle. Elle agita sa jupe d’un côté et son éventail de l’autre, comme si elle eût fait glisser dans ses doigts du brocart et un sceptre. Ses mouvements doux, cadencés, toujours nobles, avaient une harmonie extraordinaire. Léon, cette fois, ne riait plus, il com-