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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/297

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En jeunes filles bien élevées, elles ne crièrent pas, très complaisantes pour ce beau garçon tout frémissant de plaisir et qui, d’ailleurs, pensait à une autre en les caressant…

— Mademoiselle Louise, dit une voix étouffée derrière un paravent, voulez-vous aller au piano, je suis prête ; et toi, Missie, fais donc de la lumière. Le soir tombe, on n’y voit plus chez moi.

D’un bond, Mlle Fréhel fut à sa place, et d’un autre bond Missie alla presser un bouton électrique.

La chambre s’incendia. Les fumées, les vapeurs semblèrent remonter au plafond, sous la voûte noire, en volutes légères. Sur les panneaux de drap d’or, les fauves lustrèrent leurs fourrures soyeuses, les meubles de laques lancèrent des fusées d’étoiles bleuâtres, et la grande coupe vénitienne pleine de roses, au milieu du temple, érigea toute la grâce naïve de la vie en la personne innocente et bénie de la fleur.

— Elles sont bien dressées, les petites filles ! songeait Léon, fumant, le front dans des nuages. Tiens, voilà le temple qui s’allume ! Si Mme Éliante pouvait flamber un peu… ce serait autre chose.

Alors on entendit comme un grondement d’orage, le son sourd et martelé des tambourins que Mlle Fréhel, qui faisait du monstre-piano