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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/296

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table ! Maintenant, je vous permets de danser devant moi. Je distribuerai des récompenses. À qui le tour, Mesdames ?

— C’est le tour de Mme Éliante, si elle n’est pas trop fatiguée, dit Louise Fréhel en lissant ses bandeaux de madone. Il faut lui demander sa jota, si elle daigne… c’est une chose inouïe. Est-ce que vous voulez bien, Madame, pour nous trois seulement, en famille ?

— Pardon, interrompit Léon péremptoirement, pour moi tout seul, s’il vous plaît. N’oublions pas que je suis le roi.

Missie supplia :

— Oh ! petite tante, puisque l’oncle n’est pas revenu, il ne te grondera pas…

— Oui, oui, leur répondit la voix lointaine d’Éliante, je m’habille.

Entre deux bouffées de cigarettes, Léon eut le temps de pincer la cheville de Missie et de baiser au vol un bras blanc qui pouvait bien appartenir à Louise Fréhel. Missie lui tira les cheveux à pleine poignée, et Louise rougit légèrement.

— Vous comprenez, mes chères petites, répliqua l’étudiant tout à fait gris parce que la fumée, les senteurs poivrées des étoffes et les vapeurs du champagne se combinaient terriblement dans sa cervelle, du moment que je suis le roi, vous êtes mes esclaves… et je vous défends de crier !