Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/302

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas, heureusement ! Regardez ses dents, est-ce drôle ? On croirait qu’elle va mordre.

— Elle a des dents admirables !

— Oui… on dirait qu’elles sont fausses ! conclut Missie.

Elles castagnettes firent un bruit sec de pluie de grêle sur les vitres. Éliante se jeta en avant d’un bond souple, énorme, et tourna, la jupe enlevée jusqu’à ses yeux, tout son corps noir en dessous apparut dans un maillot, mais le maillot laissait transparaître la chair, se moirait. eût-on dit, d’une espèce de sueur laiteuse, et on finissait par apercevoir, très distinctement, la chair blanche de tout le corps comme on apercevait les jambes nues sous ses bas.

Parfois, en tournant, elle frappait son petit talon droit et en même temps son coude sur son genou gauche, disloquant dans une étrange révolution des lignes toute l’harmonie de sa personne, et plus vite, ayant tourné, placée de profil, le col tendu, les yeux appelant quelqu’un, elle se redressait, toute attirée en haut par une force, un fil qui semblait la tenir suspendue, ses petits pieds trépignant sur place, foulant rageurs et frêles une herbe de Saint-Jean, qu’on sentait lui brûler les plantes.

De bonds en bonds plus grands, partant