Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/312

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Enfin, elle y était, vivante, et elle l’enlaça avec un étrange frisson d’enfant qui a peur.

 

… Le jeune mâle, fatigué, entr’ouvrit les yeux, s’étira nerveusement dans les dentelles et les soieries de ce lit bizarre, en forme d’œuf. Il se retourna, laissant glisser le buste de celle qui dormait encore profondément à côté de lui.

Qu’était-ce que ce jour qui pénétrait à travers les vitres de topaze ?

L’aurore ou le feu ?

Il referma les paupières, soupira, les releva de nouveau, soupira plus fort. Non, il rêvait !

Il rêvait que la chambre d’Éliante s’illuminait comme pour une de ces jolies fêtes galantes qu’elle savait offrir à ses petits enfants, les hommes !

Il rêvait qu’il la voyait, elle, la singulière femme dont la froide chair de vierge ne savait pas s’émouvoir sous les caresses, dont le cœur ne s’épanouissait pas en ardentes paroles sous les battements d’une poitrine ardente… qu’il la voyait jongler…

Toujours ses couteaux de jongleuse ! Ses damnés couteaux qu’elle osait lui préférer !

Mordaient-ils mieux ?

De mauvaise humeur, le jeune homme, las et nu, remonta les draps. Il pensa confusément