Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/313

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qu’elle ne sauterait pas de ce lit sans être obligée de lui passer sur le corps.

Et cette pensée le réveilla davantage… parce que le lit était au milieu de la chambre. Il regarda les choses.

Mais non, son rêve continuait. Il est très difficile de secouer un cauchemar d’amour.

Il revit Éliante en costume de jongleuse. Elle s’avançait, dans une gloire d’or, tenant par la pointe les cinq glaives de douleur.

Elle s’approchait peut-être du lit pour le tuer ?

Décidément, ce devrait être ce parfum de fruit des îles dont elle abusait, qui le saoulait, lui faisait mal à la tête, saturait sa peau et la rendait toute moite.

Et aussi cette odeur de fauve, l’odeur dominante de la chambre, du temple, ce relent de graisse nègre !

Ah ! Il respirait du feu. Il voulait se réveiller, constater qu’elle était toujours bien là, endormie, et non pas en train de jongler devant leur couche…

… Elle approchait, à pas menus, si belle dans son costume sombre tout scintillant d’étoiles et son casque de guerrière farouche, ses cheveux noirs brillaient comme de l’acier. Ses prunelles fixes flambaient, faisant sa face