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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/43

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vous avez les mains moites ! Vous vous animez et vous avez l’air de vivre en l’honneur de… cette potiche ?

La jeune femme, l’œil mi-clos, s’attacha davantage au col de l’amphore. Elle pressa ses deux bras autour du bourrelet de cette chair de pierre, s’inclina sur l’ouverture en corolle, baisant le vide :

— Non ! Non ! Vous ne me comprenez pas du tout… mais vous me plaisez assez pour que je vous explique. Je suis réellement amoureuse de tout ce qui est beau, bon, me paraît un absolu, la définition même de la volupté. Mais ce n’est pas le but, le plaisir ; c’est une manière d’être. Moi, je suis toujours… heureuse. Je voulais vous mener ici pour vous prouver que je n’ai pas besoin de la caresse humaine pour arriver au spasme… Il me suffit d’être… — ne me serrez pas le bras ainsi — car je porte en moi le secret de toutes les sciences en ne sachant qu’aimer. J’ai le dégoût de l’union, qui détruit ma force, je n’y découvre aucune plénitude voluptueuse. Pour que ma chair s’émeuve et conçoive l’infini du plaisir, je n’ai pas besoin de chercher un sexe à l’objet de mon amour ! je suis humiliée parce qu’un homme intelligent pense tout de suite à… coucher avec moi… Demain vous ne m’aimeriez