Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/51

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gauche. Je pratique peu la maladie de cœur dans le monde. Je la redoute énormément dans les bras d’une jolie fille, non, les anses d’une jolie cruche parisienne, et comme je suis de mauvaise humeur quand je sens ces palpitations. j’ai jugé bon de me lever pour aller, en chemise, feuilleter mon Dieulafoy. Très salutaire l’étude de la médecine, ô Madame, en ces tristes circonstances ! C’est étonnant combien s’illuminent les problèmes les plus obscurs ! La délicieuse enfant, réveillée par l’intempestive manifestation de mon austérité, se mit tout à coup à pleurer. (Que faire de mieux que de déborder quand on est un vase plein… de candeur ?) Elle déclara que j’avais prononcé en rêve un autre nom que le sien, un nom de femme, et que je la trompais avec une de ses meilleures camarades qu’elle appelle : la Sole normande. J’ai eu beau lui expliquer que ce doux nom d’Éliante (si ridicule entre nous), n’était pas un nom de femme, que ça pourrait tout au plus servir à étiqueter l’une des deux ceintures de chasteté du musée de Cluny ; ma cruche personnelle n’a pas voulu en démordre. Hélas ! potiche mondaine ou cruche naïve, c’est stupéfiant comme les femmes sont subtiles. Sole Normande ! Seule Éliante ! C’est tout un pour elles. J’ai dû subir, alors, le débordement d’un