Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/66

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voulez dire. Vous n’êtes pas ma maîtresse…

Elle jouait avec une petite cuillère, tournant précieusement un mélange de thé, de rhum et de citron.

— Vous avez donc pensé à me la rendre, questionna-t-elle, demi-souriante, un petit sourire parfumé où il y avait la raillerie d’une goutte de citron.

— La voici ! avoua simplement le jeune homme, et il lui tendit le carton glacé qui lui brûlait la peau depuis deux jours à l’endroit du cœur.

— Non, Monsieur, je ne reprends point ce que je donne. (Elle s’exclama, légèrement étonnée.) Oh ! comme c’est chaud, vous avez donc si chaud que cela dans la poitrine ? Non, non, gardez ma lettre… ou brûlez-la, mais je crois que c’est déjà fait.

— Bon, je la garde… comme promesse de mariage. Vous m’avez séduit, je suis le Monsieur victime. On me doit une réparation.

— Certainement ! Épousez ma nièce, puisque vous la trouvez charmante ?

— Ah ! non, je n’aime pas les femmes qui ont les bras et les jambes en barreaux de prison. Merci bien. Ensuite, élevée par vous, elle doit avoir des idées singulières sur le pot-au-feu.

— Élevée par moi, Monsieur, elle aurait été,