Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/67

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j’en suis convaincue, ou une belle et brave épouse, ou une spirituelle et grande courtisane. Mais M. Donalger l’a envoyée aux lycées, et lui a laissé fréquenter la Bodinière. Ce ne sera qu’un singe savant, ignorant l’art d’être femme… vous ferez peut-être sagement de ne pas l’épouser. Vous êtes trop… jeune.

— Et je vous assure, chère Éliante, que je n’ai nulle envie de me marier, ni maintenant ni plus tard. (Il se serra un peu contre sa hanche sous prétexte d’atteindre le sucrier.) C’est le sucre que vous cherchez, Madame ? cria-t-il très fort, pour s’attirer une réplique du vieux diplomate.

— Penh ! fit celui-ci la tête dans les cendres, nos édiles leur ont fabriqué des monuments magnifiques, mais je ne les crois pas plus assidus aux cours que de mon temps. Faut bien que jeunesse se passe !

— C’est absolument ce que je pense, souffla Léon tout bas, et si madame Éliante veut m’aider… Ça se passera d’une façon exquise. Éliante, ma lettre, à moi, ne vous a pas offensée ?

— … Amusée plutôt ! Vous êtes un peu brutal. et vous l’avez certainement écrite pour me froisser… Or… je vous ai déjà répondu.

— Oui : Monsieur et cher amant ! Vous continuez à vous moquer de moi ?