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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/78

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Missie en bleu violent avec des touffes de pâquerettes, tout de même un peu bébé pour ses robustes vingt ans. Afin d’effacer les traces du rhume de cerveau, elle avait emprunté la poudre de riz de sa tante et s’était barbouillée avec une sollicitude touchante en mettant partout excepté où il en aurait fallu. Elle pleurait d’un œil et du nez, exhibait des salières, avait les coudes en angle de casse-noisettes, des mains plébéiennes mal soignées, ne pouvant pas entrer dans les vieux gants de Mme Donalger, qu’elle s’obstinait à préférer aux siens neufs, parce que plus épatants, du meilleur magasin, et elle s’était coiffée en chignon bouffant pour imiter Éliante, qui, elle, avait repris sa coiffure originale, ce bonnet de cheveux unis, collés aux tempes et faisant éclater ses yeux superbes comme une passe de velours surplombant deux joyaux. Fardée franchement, mais bien fardée, amincie dans une robe fourreau très torrent d’encre, Éliante avait l’aspect d’une sirène noire, agile sur sa queue tortueuse, comme plus libre sans pieds.

Une minute, Léon et elle se retrouvèrent au bas de l’escalier, Missie ayant oublié son éventail.

— Mademoiselle votre nièce a l’air de vous aimer tendrement ? dit le jeune homme rongeant le bord de son chapeau.