Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/85

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troublerai, principalement devant vous, et je ne vous appartiendrai que si je veux cesser de vous aimer, ou me débarrasser de l’importunité de votre corps dressé entre vous et moi. En attendant il m’est agréable de vous tenir pour mon maître sans rêver le moins du monde, vraiment, de vous avilir en me faisant votre maîtresse. Comme vous avez eu le courage de me le déclarer : il ne manque pas de filles en forme de cruche d’albâtre au quartier latin… et il faut boire quand on a soif.

Vous ne boirez pas chez moi. Je suis la fontaine scellée dont parle l’Écriture, Monsieur.

Flirteuse ? Non ! Dépravée ? J’ignore… Coquette ?… Je suis surtout blasée sur les succès mondains de ce genre, cher ami, et les entretiens d’âme aux deux coins d’une cheminée parisienne me laissent le dégoût de toutes espèces de conversations… Liberty. Je sais trop les choses qui font pâlir les hommes, jeunes ou vieux, pour avoir besoin de rougir derrière un éventail en sentant s’approcher de moi le désir en habit noir.

Je le préfère tout nu.

Et c’est parce que vous me l’avez montré presque tout nu que je suis sûr qu’il est l’envoyé d’Éros ! Vous venez de la part du dieu. Entrez donc chez moi et laissez-y toute espérance d’autre