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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/99

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vous remercie. J’ai justement sur ma cheminée de superbes roses de Noël qu’un de vos camarades, réveillonnant avec vous probablement, M. Léon Reille, m’a envoyées vers minuit… histoire de me prouver qu’il pensait toujours… aux filles du quartier latin. Regardez, elles sont aussi blanches et aussi belles que ma robe ?

Léon Reille se mordait les lèvres. Comme il n’avait pas de moustache, on devinait facilement le sourire pointant dans la cruauté de la morsure. Pourtant, il souffrait, ses yeux eurent des lueurs d’orage, ses mains nues se crispèrent.

— Je viens… Il faut que je m’explique… je ne veux rien manger, entendez-vous ! Madame, vous me prenez décidément pour une potiche à vendre ?… Éliante ! Tu n’as pas honte, dis ?

Et il la toisa, la bouche mouillée d’une salive rose, luttant contre le désir frénétique de sauter dessus ne fût-ce que pour la battre, mais espérant vaguement qu’elle allait tomber dans ses bras.

Elle demeurait calme, gracieusement mondaine :

— Je n’ai nulle honte d’aimer, mieux que les vaincs grimaces d’un amour vulgaire, un homme qui ose… sans s’occuper des résultats possibles. Vous ne me connaissiez pas quand