Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/109

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tuellement entre eux. Ce malheureux engraissait à vue d’œil, malgré les exercices, la voltige, les assauts, les courses. Rien n’arrêtait les progrès de ce ventre intempestif. Il finissait par ne plus oser boire.

— Voilà Jacquiat qui prétend maigrir, rugit madame Corcette, pendant que les camarades se tenaient les côtes.

— Voyons, Mademoiselle Mary, s’exclamait-on de tous les côtés, faites-lui des compliments sur sa bonne mine !

Mary souriait de son sourire fin, un peu méchant.

— C’est un ballon ! affirma-t-elle, navrant Jacquiat jusqu’au fond du cœur.

Et ils reprirent leur promenade sentimentale, cherchant des pierres, pendant que les autres lutinaient madame Corcette dans les mousses reverdissantes.

À un passage difficile, Jacquiat dut porter Mary pour lui faire franchir un ruisseau ; celle-ci s’appuyait confiante sur sa large poitrine.

— N’ayez pas peur, lui dit-il d’un ton boudeur qui renfermait toute sa provision de méchanceté, un ballon doit aussi être élastique !

Mary s’humanisa.

— Je ne le dirai plus, Monsieur Jacquiat !

Il voulut l’embrasser, pensant que cela ne tirait pas à conséquence avec une gamine de cet âge, mais elle se cambra en arrière.