Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/264

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parer un thé fort chinois qui se servirait dans des tasses de Japon riches, cannelées et dorées au feu.

C’était un anniversaire scientifique, d’ailleurs, un jour de découverte précieuse, oh la fêterait à la manière des mondains, en échangeant des banalités, en mettant des habits neufs. Célestin voulait bien, lui, il voulait ce qui lui faisait plaisir, surtout.

Oh ! l’apaiser, maintenant, serait-ce en lui sacrifiant plus que sa vie, c’est-à-dire son repos de vieil homme jusque-là demeuré digne ! Oh ! la voir, lui sourire, l’entendre murmurer un seul mot de pitié ! Mon Dieu ! il aurait ajouté un piano pour danser, quitte à se brouiller avec tous ses amis, si elle avait voulu cela comme le reste. Ensuite, il devait la fiancer en public à ce baron Louis de Caumont. Elle désirait devenir baronne, très vite, une drogue d’oubli qu’elle lui demandait, impérieusement, sans lui permettre de réfléchir.

Il allait par les corridors, se heurtant contre les massifs de plantes qu’un fleuriste renommé avait arrangées dans les embrasures. Il étouffait au milieu de ce luxe de chaleur, de lumières et de fines odeurs. Sa pauvre maison ! était-elle bouleversée !

Pour entrer dans son cabinet, il avait dû tourner derrière un paravent ; la porte avait été enlevée ; des rideaux masquaient l’ouverture du côté du corridor, et du côté du salon tout s’étalait à la clarté crue des lampes. Lui qui conservait une pudeur religieuse pour ses instruments, chacun les irait