Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/274

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À cinq ou six, d’autres poussaient un patient dans une embrasure pour lui faire sentir la nécessité de la Société contre l’abus du tabac, et le patient, pris de colère, déclarait que ça lui était bien égal, il fumait une boîte de cigares par jour, et il se portait admirablement.

M. Munas Chalmier pérorait à voix haute, s’étendant en des phrases de beau causeur, toujours sûr de finir par un mot à sensation, embrassant toutes les connaissances à la fois de son auditoire qui hochait des fronts de mauvaise humeur, parce que plus on sait de choses et plus il devient difficile de les expliquer, de l’avis des anciens. Et l’astronome Flammaraude allait et venait, le pied impatient, la tête renversée, dans une chevelure de comète, lançant des paradoxes, affirmant des histoires folles et pourtant d’une clarté éblouissante, comme baignées par les rayons cherchés là-haut. Ce diable d’homme les entortillait de son accent câlin : pourquoi pas ceci, et pourquoi pas cela ?… Aristocrate de la science, lui, quand il avait trouvé une vérité, elle était jolie. Des bourgeois ahuris lui envoyaient des palais d’été, sous pli recommandé, contre un livre à propos de la lune. Savant du merveilleux, plus merveilleux écrivain encore. Surtout, charmant de physionomie.

Autour de la table à thé, derrière un paravent, des vieux complètement finis devisaient à propos de l’inconséquence de certains élèves qui veulent tout avaler, géologie, botanique, anatomie ; de leur temps on