Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/275

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étudiait plus à froid, et se cantonnant dans le terrain dévonien, affectant de ne pas savoir ce qu’on racontait au delà, ils discutaient, en cassant leur petit cube de sucre en deux pour éviter un excès de douceur, sur des mots effroyables, tout un troupeau de Ganoïdes qui défilait au dessus des tasses japonaises : les Cocosteus, les Ptéraspis, les Céphalaspis avec les flots des déluges partiels, horribles aquariums de monstres. Les élèves, au nombre de trois seulement, choisis parmi les plus intéressants du docteur Barbe, écoutaient sérieusement les professeurs qu’ils n’avaient pas envie d’interrompre.

Félix de Talm riait quelquefois d’un mot, puis se regardait dans la glace du cabinet d’histoire ; son habit neuf lui allait bien, il était content. Le second, Maurice Donbaud, débitait, avec une terreur cocasse des farces d’amphithéâtre, au troisième, Paul Richard, un blond, imberbe, timide comme une jeune fille.

— Je te dis que c’est chic, l’idée de l’oreille au cocher. Je lui ai fourré ça dans sa poche au moment où elle descendait de voiture, elle a cru que c’étaient des louis, parbleu !

Et Félix de Talm approuvait d’un signe dans une décision féroce de faire des femmes à l’œil pendant que le narrateur anxieux cherchait si on l’écoutait parmi les maîtres…

— Elle est bien étonnante ! répondait Paul Richard qui étudiait la robe verte de mademoiselle Mary Barbe.