Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

uns aux autres, un radeau fait de corps morts, des tas de jeunes hommes, une sorte de pensionnat de tous habillés pareils, pressés, tourbillonnants, une foule de nageurs allant vers la terre, car, vraiment, c’était bien l’heure de rentrer.

Le dernier traînait sa tête au bout d’un filin rouge qui lui sortait du cou.

Je restais là planté, la gorge serrée, le harpon tendu.

— Mais qu’est-ce que nous pouvons y faire, nom de Dieu, qu’est-ce que nous y pouvons ! que je répétais, ne sachant plus ce que je disais.

— Rien ! Y sont tous remontés du fond, excepté celui de la ceinture, répliqua le vieux, philosophiquement.

Ah ! il en avait vu, lui, des naufrages ! Il savait comment ça se pratiquait du fond à la surface, et le pays des macchabées ne contenait point de secret pour lui, le monstre.

Un monstre ! Non. Il faisait tout son devoir, solide au poste quand soufflait la tempête. Il