Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/124

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montée des vagues. Le flot les reprend, les roule, et ils redescendent pour chercher les bons courants. Cette fois la fournée s’amène au grand complet. C’est des tas de gens riches, des passagers de première ; les matelots les ont dorlotés jusqu’au moment final ; on a pourvu tout le monde de sa belle couronne d’enterrement… et ça leur procure l’agrément du grand voyage. Les matelots sont plus libres dès que la petite classe est à la trempette. À preuve… hein… n’en avons vu qu’un ? Et je parie qu’on ne reverra point de marin, au moins ce soir.

— Vous pensez donc, l’ancien, que cette procession-là va durer par chez nous, bon sang de Dieu ?

— Ouais, mon petit gars, t’es ben dégoûté, ricana le vieux dont les yeux sinistres jetaient des lueurs vertes, ça ne fait que commencer. Je collectionne point les morts, tu peux aller te coucher si les fressures te gargouillent. Je dis pas que je sauverai tous les vivants, car y en a plus de nos côtés, je ramasserai… (il hésita)…