Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

allait le retenir toute la nuit sur le bord de son escalier ?

Je fis ma tournée des lampes, et je nettoyai le vitrage, toujours empouacré d’une eau visqueuse avec cette éternelle pluie. Du bas de la cave des rocs montaient des mugissements, le flot poussait sa plainte creuse, se convulsait dans une violente rage de se sentir impuissant à nous démolir… la mer est si bonne ! Tout à coup un nouveau chant monta, non pas le long de la spire, venant de l’intérieur, mais du dehors, c’est-à-dire sur la vague. Le vieux chantait sa chanson, du côté de la Baleine, par le travers du phare, et il s’éloignait

Je restai un moment ahuri, me demandant si je ne perdais pas la tête ! Dame ! avoir vu passer tant de macchabées dans une seule soirée, c’est bien capable de vous troubler un peu l’entendement. Le vieux s’en allait, quittait le phare, et il chantait fort paisiblement sa chanson de damné.

— Comment s’en va-t-il ? En canot, parbleu !