Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les cris. J’étais dans une petite ruelle infecte, marchant dans une boue vaseuse, sentant la marée, une petite ruelle du côté, je pense, des bastions de la ville.

Je me la rappellerai toujours cette petite rue-là… quand je devrais vivre cent ans.

Elle se trouvait tellement étroite, tellement sombre que l’on n’y aurait point reconnu son père, même en plein jour. Là-haut, tout là-haut, les toits des maisons semblaient se rejoindre. Un ruisseau clapotait, provenant bien sûr des bassins où l’on radoube — on s’en doutait rien qu’à ses odeurs — ces trous où l’on jette plus de chats crevés que de pelures de pommes.

Là aussi des portes s’ouvraient, se fermaient, happant les promeneurs nocturnes, seulement les maisons étaient moins luxueuses, et, dans quelques-unes, des filles exploitaient les pauvres matelots, sans garantie du gouvernement.

Je ne sais pas pourquoi, j’eus peur tout d’un