Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/28

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Le ciel était bleu derrière une brume rousse, le vent se fit aigre, très cingleur, plein de sel.

Alors, j’allais m’envoler en escarpolette, comme une belle fille ?

J’entendis le hurlement d’une sirène. Cela traversa l’air et l’eau comme l’appel d’une femme qu’on égorge.

On sait bien ce que c’est…, pourtant j’eus le frisson à ce moment-là.

— Vous n’avez pas déjeuné ? me demanda le patron du bateau.

— Moi, je meurs de faim, que je lui répondis en essayant de rire.

— Tant mieux !

On me donne le câble : je m’accroche et je tourne en repoussant le pont des deux pieds.

Je tourne plus vite, je m’accroche, ma tête se perd…

La sirène brame plus fort, elle me vrille les oreilles. On dirait qu’elle n’en a qu’après moi. Je suis tout étourdi. Ça ne ressemble pas aux exercices d’épreuve. C’est autrement sérieux, à