Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/79

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Je me mis à danser de joie.

Ça débordait de ma poitrine à mes lèvres. Je chantais, je criais, je frappais des talons sur la dalle du chemin de ronde, je n’avais plus ni faim ni soif. J’étais enlevé plus haut que le phare d’Ar-Men. Je nageais dans les vagues des lourds nuages qui se cuivraient, à présent, devenaient roses, eux aussi, se mettant à rire.

Ah ! le vieux loup, ce qu’il m’avait fait peur ! Je ne redescendis pas, je m’installai chez moi, laissant entrer la vive lumière, et je m’assis devant ma table pour consigner l’oubli, très loyalement.

Là, mes perplexités me reprirent.

Avouer cette faute, qui n’entraînait aucune catastrophe, c’était peut-être bien me faire juger trop sévèrement par mes chefs. Le vieux, en bon compagnon-patron, aurait dû me taper sur l’épaule. Après mon travail de galérien autour de cette sacrée grue d’arrimage, j’avais eu une espèce de syncope. Mes dents claquaient à ce souvenir. Pendant ce temps le vieux chacal