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Page:Rachilde - Le Démon de l’absurde, 1894.djvu/162

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L’homme. — Fichtre ! Comment faire ? Donnez-moi un corps solide, en attendant.

L’ange. — Si ton corps est vigoureux, sa propre force le portera à s’user. S’il s’use, il contractera des infirmités effrayantes. S’il ne s’use pas, il aura confiance en sa solidité, et sa confiance le fera se jeter, tête baissée, dans le premier péril venu. S’il se fait soldat, il sera tué en guerre. S’il se fait assassin, il sera tué sur l’échafaud. S’il se fait manœuvre, il aura des querelles avec ses compagnons. S’il a des querelles, il voudra les vider… et s’il les vide, il y trouvera un coup mortel.

L’homme. — Alors, je demande un corps très délicat.

L’ange. — Si tu es délicat, étant enfant, tu auras tous les malheurs. Tu tomberas et tu te feras des bosses. Si tu as des bosses, çà marquera. Si tu as une mauvaise nourrice, tu deviendras poitrinaire. Plus tard, si tu n’as pas de gymnastique, tes camarades te rouleront à tous propos. Si tu ne ripostes pas,